Le Complot Pikachu

L'inspecteur Cobarnoff avait été, une fois encore, premier sur la scène du crime. Un massacre. Une boucherie. Près de l'entrée de la Forêt de Jade étaient empilés les corps sans vie d'une douzaine de Pikachu.

-Hmf. Le tueur fou a encore frappé.

Il n'y avait pas grand-chose à faire en attendant l'équipe d'investigation scientifique, donc Cobarnoff alluma une cigarette. Il n'eut pas le temps d'en faire quoi que ce soit cela dit.

-Fumer sur une scène de crime ? Vous n'avez pas honte inspecteur ? La fumée pourrait causer des problèmes à l'enquête.
-Toujours dans mes baskets, Sonia. Mêlez-vous de c'qui vous r'garde.
-Alors éteignez cette cigarette. La Forêt de Jade est un environnement protégé et NON FUMEUR.
-Pfeuh. De toute façon vous croyez qu'ils en ont queke chose à foutre eux ?

Cobarnoff désignait les Pikachu décédés.

-Vous me dégoûtez, inspecteur. Je me demande parfois comment vous avez eu vos galons.
-Moi j'sais très bien comment t'as eu les tiens ma p'tite.
-PARDON ?

L'échange fut heureusement interrompu par l'arrivée de l'équipe scientifique. On mit en place les protections policières usuelles, et on affecta des Pokémon dotés de la capacité Coupe pour permettre aux personnes de passage de contourner la forêt, dorénavant scène de crime, par la Route 2.

-Bon faîtes-moi le topo, les enfants.
L'inspecteur en chef était arrivé. Moustache grisonnante, cheveux en bataille, cravate négligée : Il avait tout de l'inspecteur en chef. Cobarnoff se tourna vers lui.

-Ces Pikachu sont morts.
-... Je le vois bien Cobarnoff. Je ne suis pas aveugle.
-On attend le rapport d'autopsie là surtout.
-L'infirmière Joëlle devrait avoir terminé. C'est bon infirmière ?
-C'est bon monsieur. La cause du décès est la même pour tous ces Pikachu. Ils ont fait une rupture d'anévrisme.
-Euh vous plaisantez ? demanda l'inspecteur.
-Pas du tout monsieur.
-Mais. On ne tue pas en provoquant des ruptures d'anévrisme.

Cobarnoff jeta sa cigarette - qu'il ne s'était nullement donné la peine d'éteindre -, l'écrasa, et regarda au loin.

-Peut-être bien que si.

LE COMPLOT PIKACHU

L'équipe d'investigation se trouvait à présent réunie dans la grande salle du commissariat central de Safrania. L'inspecteur en chef prit alors la parole.

-Fabrizio et Terrence, vous vous occupez du hold-up à la Banque de Céladopole. Jean-Claude, le professeur Orme va arriver de Johto par le train de 16 heures. Tu l'escortes jusqu'à Bourg Palette. Manquerait plus qu'une disparition de célébrité.

Les intéressés hochèrent la tête et s'éclipsèrent.

-Bon ensuite on a le problème des dissidents qui prétendent faire revivre la Team Rocket. C'est pour toi Rosanne.

La jeune inspectrice hocha également la tête mais plus imperceptiblement.

-Et puis on a l'affaire des Pikachu.

Cobarnoff, qui jusque-là n'avait pas été très attentif, se redressa.

-C'est pour vous, Sonia. Emmenez votre plus fin Malosse, et au boulot.
-Oui chef !

Cobarnoff était dégoûté. Non seulement l'affaire Pikachu lui passait sous le nez, mais en plus de tout on la confiait à la personne qu'il détestait le plus de tout le service. L'insupportable Sonia. La miss je-sais-tout qui était montée en grade plus vite que n'importe quel policier. Il se redressa et commença à protester.

-Chef, sauf votre respect...
-Ah Cobarnoff, vous auriez voulu cette enquête ? Pas de problème enfin !

Cobarnoff eut un sourire. Sonia leva un sourcil.

-Vous allez la faire ensemble, on ne croule pas sous les demandes de mamies ayant égaré leurs Miaouss en haut des arbres.

Et voilà. La situation la plus clichée venait de se produire, au grand désespoir de notre inspecteur. On l'avait mis en duo avec celle qu'il ne pouvait absolument pas piffer.
L'enquête s'annonçait... Intéressante.

C'est intéressant tout ça, j'aime bien ton style ! :o
Pourtant, l'univers du policier tout ça c'est pas mon genre. Tu comptes faire une suite ?

Avec un peu de chance j'espère même pouvoir poser un point final :')

Bon courage et bonne rédaction !
Je te lirai en tout cas. :p

-Bon, vous venez Cobarnoff ?
-Minute !

Il n'avait vraiment pas l'habitude. Cobarnoff était l'archétype du flic de polar, habitant un petit appart pourri dans un quartier pas très fréquentable, coinçant les malfrats avec des méthodes que le règlement n'approuvait pas forcément. Fumeur depuis son plus jeune âge, coiffé d'un de ces chapeaux mous qui sont l'apanage des films noirs, on voyait sur son visage bien taillé que la vie ne lui avait fait aucun cadeau. Il y avait peut-être quelque chose à creuser dans son passé, mais comme il n'en parlait jamais, le secret le suivrait probablement jusqu'à la tombe.

Sonia était son exacte opposée. Si Cobarnoff avait obtenu son grade au prix de douloureux sacrifices, elle, fille prodige, l'avait reçu avec les honneurs. Major de promo, elle représentait la réussite sociale dans toute sa splendeur, mais aussi, malgré plusieurs enquêtes menées avec succès, l'inexpérience du terrain. Elle se contentait généralement de suivre les protocoles, et était ravie qu'on lui ait confié l'affaire Pikachu, qui lui permettrait peut-être enfin de prendre des décisions par elle-même. Car de volonté elle ne manquait pas.

-Bon, fit Cobarnoff en jetant son mégot. Tu cours, tu cours, mais tu veux commencer par où, la môme ?
-Ça me semble pourtant évident, Daniel. Nous allons d'abord retourner sur les lieux du crime.
-Et tu m'expliques depuis quand tu m'appelles par mon prénom ?
-Depuis que j'ai remarqué que tu ne me rendais pas mon vouvoiement.

Cobarnoff ne dit rien. Qu'y avait-il à répondre à cela ?
Ils se rendirent donc à la Forêt de Jade, où les Pikachu avaient été retirés. En fait, les scouts avaient déjà réinvesti les lieux.
-Et maintenant on fait quoi ? ironisa Cobarnoff. On cherche du sang au luminol ? Ce serait comique, ils ont tous clamsé d'une attaque cérébrale.
-Oh tais-toi un peu. J'y ai pensé figure-toi.

Sonia sortit alors deux PokéBalls de sa ceinture.

-Oh tu nous fais quoi la bleusaille ? C'est trop tard pour demander à un Pokémon canin de flairer quoi que ce soit là.
-Bon, ta gueule.

Le choix de mots et la façon très calme de les prononcer calma instantanément Cobarnoff.

-Vois-tu Daniel, comme tout bon flic de Kanto, je n'ai pas qu'un Pokémon canin sur moi.
-... T'en a deux ?
-Non, vraiment, tais-toi, tu es lourd. EN AVANT !

De sa première ball jaillit un Carabaffe. De la seconde, son Malosse.
Cobarnoff, qui recourait très peu aux Pokémon lors de ses interventions, préférant de très loin l'usage du 9 mm, haussa un sourcil.

-Tu ne comprends décidément rien, commenta Sonia. Malheureusement les Pokémon eau/feu ça n'existe pas, et je n'ai pas de Dracolosse sous la main pour combiner les deux types de talents.
-Mais putain, tu vas me dire ce que tu comptes faire ?
-Un peu de politesse ne te tuerait pas. Je compte juste faire un peu de vapeur.
-... Quoi, c'est ça ton délire ?
-Mais tout à fait. Mouiller simplement le sol ne suffirait pas à faire apparaître d'éventuelles empreintes. Alors que de la vapeur chaude, c'est une autre affaire.
-Je te déteste.
-C'est partagé.

Enfin, les Pokémon de la jeune femme firent ce qui leur était demandé, révélant un grand nombre d'empreintes entremêlées.

-Ça sert à rien ton truc, fit remarquer l'homme du duo, des tas de scouts ont piétiné ici depuis.

Sonia ne laissa paraître aucune émotion.
-Ça valait le coup d'essayer, dit-elle simplement.
-Ce qu'on veut, reprit Cobarnoff, c'est coincer l'ordure qui s'acharne sur des Pikachu depuis des mois en leur faisant subir des attaques cérébrales. Tu crois vraiment que quelqu'un capable de faire ça laisserait des empreintes ?
-Bon. Écoute. Il y a ici, comme tu l'as si bien souligné, "des tas de scouts". Il y a sûrement eu un témoin.
-Ah, là on parle !

Notre duo se dirigea alors vers le premier scout. Il se dirigea vers eux et ouvrit la bouche, mais fut aussitôt interrompu par Sonia.
-Police. Nous ne sommes pas des dresseurs. Pas la peine de nous faire un barratin ni de tenter de nous impressionner avec un Chrysacier capable de faire Armure.

Le scout, vexé, ne fit aucun commentaire.

-Étiez-vous dans la forêt la nuit du 4 au 5 mars ?
-Ouais. On dit qu'un très rare Dardargnan vert est de sortie ces derniers temps, je le guette.
-Et des Pikachu, vous en voyez ?
-C'est vrai qu'on n'en voit plus autant. Après c'est plutôt rare hein, la forêt de Jade c'est surtout des Chenipan et des Chrysacier vous savez.
-Vous n'avez rien remarqué d'anormal cette nuit-là ?
-Maintenant que vous en parlez, j'ai vu passer un pêcheur. Ils ne s'aventurent pas ici en général. Les montagnards c'est déjà plus logique.
-Mouais, dit Cobarnoff. S'il allait vers Jadielle, ptêtre qu'il descendait juste pêcher au Bourg Palette hein.
-Non justement, il allait vers Argenta.

Sonia se tourna vers son acolyte.

-Ça, c'est une piste. Coupons par la Route 2.

J'ai tout lu. :p
Je trouve que tu as des idées intéressantes pour combiner Pokémon et le genre policier.

C'était drôlement sympa dis moi :)
J'aurai bien aimé avoir une suite!

Je tacherai de reprendre à l'occasion :')

J'apprécie le geste

Arrivé à Argenta, le duo se dirigea tout d'abord vers le Centre Pokémon. C'était, généralement, la première étape du voyageur, d'autant plus lorsque ladite étape était séparée de toute autre forme de civilisation, d'un côté par une forêt, de l'autre par une grotte.
L'infirmière ne leur apprit rien de substantif, et le centre n'était pas doté de caméras. Sortant du Centre, ils croisèrent l'un de leurs collègues, accompagné d'un scientifique en blouse blanche.

-Bah Jean-Claude ? fit Cobarnoff. Tu d'vais pas accompagner le professeur je sais plus quoi à Bourg Palette ?
-Orme. Il est avec moi hein.
-C'est une sacrée trotte, vous êtes passés par la Cave Taupiqueur ou quoi ?
-On ne peut rien te cacher dis-moi.
-C'était sur ma demande, intervint le professeur Orme. Je voulais étudier sur place l'évolution et la reproduction des Taupiqueur. N'est-ce pas fascinant, ces Pokémon qui évoluent en s'agglutinant ? C'est aussi le cas de Magneti, vous savez.
-Comme on était sur la route, compléta Jean-Claude, on a décidé de faire une halte à Argenta pour visiter le musée.
-C'est une bonne idée ça, dit Sonia. Allons au musée.
-Tu te fous de moi bleusaille ?? fit Cobarnoff.
-Pas du tout. Nous n'avons aucune piste hormis un pêcheur qui voyage dans des coins dénués d'eau. Peut-être aurons-nous plus de chance au musée.
-Mouais.

Leur carte de police présentée, nos deux compères purent entrer dans le musée sans payer le faible prix du billet d'entrée. Ils n'étaient pas là pour visiter toutefois, et eurent rapidement accès aux données des caméras de surveillance. Rien de significatif ne sembla en sortir, mais Sonia nota une chose.

-Hmm, repassez la bande en accéléré s'il vous plaît ?

Elle n'en revenait pas. Elle avait bien sûr étudié cette possibilité à l'université, mais ne s'attendait absolument pas à ce qu'une telle chose se produise dans un musée sans histoire...

-Cobarnoff. Quelqu'un a installé une boucle vidéo d'une façon ou d'une autre. Le musée est sans surveillance vidéo depuis au moins deux jours.
-Quoi ? Mais... Mais alors ??
-Je ne sais pas si la piste du pêcheur que nous suivons est la bonne. Mais il s'est passé quelque chose dans ce musée. Et je gage que ce n'était pas joli joli.

Il fallait organiser au plus vite une fouille méticuleuse du musée. Sonia allait téléphoner à qui de droit pour que cela puisse se faire, quand un groupe extrêmement nombreux envahit les lieux !

-Nous sommes la Team Rocket ! Ceci est une prise d'otage !

Cobarnoff allait sortir son arme - en toute violation du protocole dans les cas de prise d'otage - quand un objet lancé à toute vitesse la lui fit perdre.

-Merci Ossatueur. On ne veut pas de problème avec la flicaille hein ?
-Qu'est-ce que vous voulez ? vociféra l'inspecteur.
-Lui.

L'homme de la Team Rocket fit un geste en direction d'un visiteur du musée que nos deux policiers connaissaient déjà : Le Professeur Orme.

Personne n'était vraiment préparé à la suite des évènements. L'un des Rocket fit jaillir un Smogogo. Avec ses compétences poison, il provoqua un énorme voile de fumée. La Team était partie comme elle était venue, et avait embarqué le professeur avec elle.

-... Foutredieu.

C'était fort sympathique ma foi